Conversation sur le net

Un Etre Humain : Salut Mahéva, je peux parler avec toi ?

Mahéva : Bien sûr que oui. Je ne suis là que pour parler.

E.H : D’abord je voudrais savoir si tu es une femme.

M : Quelle question ! Homme ou femme, qu’importe ? Je suis un être humain, c’est tout.

E.H : Parce que sur tes posts, tu sembles avoir une force de caractère qui est plutôt masculine.

M : Je crois que la masculinité et la féminité sont deux phénomènes non inhérents à la nature humaine. Ils sont reliés à la socialisation. Tu peux faire l’expérience avec des petits enfants : essaie de ne pas leur apprendre des préjugés et de ne pas les orienter et tu verras que petites filles et petits garçons jouerons invariablement avec les poupées et les peluches et avec les ballons et les voitures.

E.H : D’accord, je comprends ton point de vue bien que je ne le partage pas. De quelle région de la Tunisie es-tu ?

M : Pourquoi veux-tu me réduire à une région ?

E.H : Je veux mieux te connaître, il n’y a pas de mal à cela.

M : Ce n’est pas ainsi que tu pourras me connaître. J’ai une âme qui dépasse de loin les appartenances régionales. Le Grand Tunis, le Nord-Ouest, le Sahel, le Jerid, les zones côtières et les régions de l’intérieur sont toutes des parties de la Tunisie, et toute la Tunisie n’est qu’une partie infime dans le monde où nous évoluons.

E.H : Là je te tiens, tes phrases dénotent d’un esprit communiste.

M : Tu ne comprends pas, je n’aime pas être catégorisée, étiquetée, classifiée. Communiste ? Nationaliste ? Islamiste ? Socialiste ? Bourguibiste ? Pourquoi veux-tu me compliquer la vie avec des limites de ce genre ? Je suis moi, c’est tout.

E.H : Tu me fatigues là. Tu as dit qu’on pouvait parler et tu ne veux rien me révéler. De quoi peut-on parler avec toi ?

M : Mais de plein de choses. Je peux te parler de mes rêves, de mes idées, de mes pensées, de mes ambitions. Et si cela t’intéresse tant, tu peux me parler de tes appartenances géographiques ou sociales.

E.H : OK, qu’est-ce que tu veux savoir à propos de moi ?

M : Non, je ne te poserai pas de questions moi. D’abord, je n’ai pas ouvert un bureau d’investigation policière, et puis, je ne suis pas du genre curieux.

E.H : Parle-moi de tes rêves alors.

M : Ce sont des rêves très simples et très grands à la fois : je veux être une citoyenne à part entière, je ne veux pas être traitée par mon appartenance de genre, de classe sociale ni par mes pensées vis-à-vis de la religion.

E.H : Parce que tu n’es pas croyante ?

M : Je crois que tu n’as rien retenu de cette conversation. On ne peut pas avoir des pensées et être sans croyances. Tout le monde a ses croyances sauf que les croyances des uns ne se confondent pas nécessairement avec celles des autres.

E.H : En quoi crois-tu ?

M : Je crois aux valeurs humaines, la justice, le respect de l’autre, le droit à l’expression, le droit à penser librement et sans contrainte, le droit à la vie, le droit au travail, le droit à la citoyenneté.
Je vais m’en aller maintenant, je me sens fatiguée par cette conversation.